dimanche 30 août 2015

Comment Keriman Halis Ece a été élue Miss Univers en 1932 pour une raison autre que sa beauté

C’est l’histoire d’une femme turque qui est née à une période où son pays était aussi le Califat sous la direction de l’Empire Ottoman et qui devint Miss Univers en 1932 à Spa en Belgique. C’est aussi en parallèle l’histoire d’une transition précipitée (et aidée) d’une société basée sur des valeurs islamiques à une société pervertie par le kémalisme et son lot d’abominations. Mais avant d’aborder cette histoire, il convient de rappeler l’origine du concours des miss qui remonte à la mythologie grecque. 



La pomme de la discorde


De grandes festivités dans l’Olympe sont le théâtre d’un mariage entre la déesse Thétis et le mortel Pélée. Tous sont invités, sauf Eris déesse et la discorde que tout le monde évite. Quand elle a vent de cette fête, elle décide de se venger à sa manière. Eris conçoit une pomme d’or et elle la lance au milieu de la fête. Les déesses qui regardent de plus près la pomme voient l’inscription « A la plus belle ». Symbole et témoin incontestable de la beauté, elles se jettent dessus et se disputent alors la pomme. Il reste alors en lisse Héra l'épouse de Zeus, Athéna la déesse de la cité et de l'artisanat et Aphrodite la déesse de l'Amour et de la beauté. Zeus demande alors à Hermès de trouver une solution pour clore la dispute, qui trouve alors l’idée de demander au mortel Paris prince de Troie de départager les prétendantes. Entre la promesse de pouvoir, de succès à la guerre et d’avoir la main de la plus belle femme du monde (Hélène de Sparte), Paris cède à la troisième proposition et choisi Aphrodite qui devient alors « miss Olympe ». S’en suit alors la guerre de Troie et sa destruction.

On comprend alors que l’élection des miss ne se base pas sur le critère de la beauté, chose qu’elle prône, mais sur d’autres critères plus ou moins louables. On dira alors que les compétitions actuelles n’ont rien à voir avec la mythologie, ce qui est faux. Si on regarde les règlements des organisations des élections de miss, les prétendantes doivent impérativement être de jeune âge (aux alentours de 18 20 ans). Mais elles doivent aussi être célibataires, donc pas mariées, non divorcées, non veuves et sans enfants !

Des vierges en offrande pour les dieux


Si on considère ces critères dans notre époque où le flirt dès le plus jeune âge est devenu banal, cela peut paraître contraignant pour elles mais ça ne laisse penser à aucune arrière pensée. Cependant quand on considère ces critères au début du 20ème siècle, ça mène inéluctablement à avoir des prétendantes vierges. Des vierges pour une élection de « La plus belle »… Et finalement, en y réfléchissant, n’offrent-ont pas des vierges aux dieux dans d’anciennes croyances païennes et mythologiques comme la mythologie grecque ? En conclusion ces critères se résument en un seul qui ne dit pas son nom : être vierge et les filles qui participent à ce concours perpétuent de vieilles croyances païennes sans le savoir en acceptant ces critères.

Miss Turquie devient Miss Univers


Les victimes de la révolution turque
L’Empire Ottoman devenu fraichement la République de Turquie sous les directives du dictateur Atatürk, des réformes en paquets visant à la modernisation du pays sont enclenchés avec un doux nom rêveur : « Türk inkılâbı », soit « La Révolution turque ». Un code vestimentaire, un code pénal, la laïcité, l’alphabet latin, le chapeau anglais, le système scolaire, l’opéra, les ballets… tous ces éléments composent la dite Révolution. Ils sont tous empruntés aux pays européens, mais étonnamment, ils sont présentés comme étant « turcs »… Et parmi ces réformes se trouve le désir d’Atatürk de « moderniser » l’image de la femme turque aux yeux du monde ; ce qu’il faut comprendre par : la dévêtir.

Et pour arriver à ses fins, rien de mieux qu’un concours de miss Turquie organisée par le journal kémaliste Cumhuriyet (celui qui avait par exemple repris les récits de Marcel Sauvage disant qu’Atatürk était un demi-dieu) en 1929. La chose qui était impensable sous la période ottomane se déroule quelques années à peine après sa disparition. On passe du tout au tout en deux temps trois mouvements comme si la perversion de la Turquie était urgente. C’est comme si demain à l'inverse on interdisait en France tout ce qui touche au marchandage du corps de la femme comme les miss, l’utilisation de femmes nues à outrance pour vendre toutes sortes d’objets, les escorts…

En 1932 est alors élue miss Turquie Keriman Halis qui sera alors propulsée pour être candidate à Miss Univers qui se déroule à Spa en Belgique la même année. 28 candidates de 28 pays se sont présentées et ont défilés des jours durant devant le jury. Quand alors le temps de choisir « la plus belle » fut venu, le président du concours pris la parole :


Messieurs les membres du jury, aujourd’hui nous célébrons la victoire de l’Europe chrétienne. L’Islam qui a dominé le monde pendant 1400 ans prend fin. C’est l’Europe qui l’a vaincu. Keriman qui représente la Turquie et qui pendant une période pouvait observer la rue que derrière une fenêtre est aujourd’hui parmi nous en maillot de bain. Nous allons accepter cette fille comme la couronne de notre victoire et nous allons faire d’elle la reine. Qu’il y ait plus belle qu’elle ou non n’a pas d’importance. Cette année, nous ne choisissons pas de reine de la beauté. Cette année nous célébrons la défaite de l’Islam. Nous célébrons la victoire de l’Europe. La nièce du Sultan Soliman qui lui à une période de notre histoire était intervenu contre la danse en France se trouve aujourd’hui devant nous. Elle désire s’attirer nos faveurs. Et nous choisissons cette fille qui s’accoutume à nous. Nous choisissons la miss Turquie comme miss monde avec l’espoir que l’avenir des musulmans sera ainsi. Toujours est-il que nous lèverons nos verres à la victoire de l’Europe.
Sur un nombre de 28 membres du jury, Keriman obtint le nombre surprenant de 25 voix et devint miss Univers devant miss Allemagne et miss Yougoslavie. L'histoire dit même que lors de son retour à son hotel, des spectateurs l'acclamant en bas de son balcon avaient demandé à ce qu'elle apparaisse un moment, ce qu'elle fit en insistant auprès du personnel pour qu'ils lui confectionnent un drapeau turc avec un drap rouge et des bouts de tissus blancs (croissant de lune et l'étoile) afin de sortir avec son drapeau national. Sans doute voulait-elle à tout prix que l'image de la Turquie soit associée avec le symbole de la nudité et de la perversion qu'elle suscitait désormais. De même, toujours selon ses dires, elle a fait enlever les fez qui avaient été disposés comme décoration sur la table du maire de la ville à l'occasion d'un buffet. Alors même qu'Atatürk interdisait à quiconque de porter le fez, les européens pensaient encore dur comme fer que le fez restait le symbole vestimentaire des turcs.

Suite à cette "victoire" de Keriman, Atatürk lui a même dit : "tu as effectué un formidable travail, l'histoire va se rappeler de toi". Voici donc comment Miss Turquie était devenue le symbole de la défaite de l’islam. Une défaite à travers la disparition de l’Empire Ottoman et les réformes occidentales d’Atatürk qui voulait tellement que la Turquie et les turcs ressemblent aux européens en laissant derrière eux l’islam qui a été pendant 600 ans leur plus fort atout. De cette manière, on comprend donc que l’asservissement des musulmans s’est obtenue avec la perversion de la société musulmane en y intégrant des coutumes qu’ils avaient auparavant longtemps combattu.

Malgré tout les efforts employés par les kémalistes et la maçonnerie européenne pour effacer complètement les traces de l’islam chez les turcs, de grands oulémas ont continué à donner de leurs vies pour que le Coran soit encore lu et pour qu’il y ait toujours des turcs qui puissent transmettre l’islam aux nouvelles générations. De grands personnages comme Hz. Süleyman Hilmi Tunahan ont continué à apprendre à lire le Coran à leurs élèves dans des trains pour éviter d’être pris en flagrant délit par la police sous peine d'être emprisonné torturé et pendu. C’est ainsi donc que l’islam subsiste encore en Turquie, qui n’est malgré tout toujours pas musulmane pour autant. L’AKP se présente comme un parti islamoconservateur mais ce sont des apparences et chaque jour il est possible de voir comme cette apparence est en fait qu’une façade.

Au final, cette perversion de la société turque persiste encore. Mais l’Islam n’a pas été vaincue comme ils l’ont cru lors de l’élection de Keriman Halis Ece au titre de Miss Monde.

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