mercredi 5 mars 2014

Le nazar boncuk, ou l’amulette du mauvais œil synonyme de shirk, association

Il est malheureux de voir aujourd’hui que lorsqu’il est question de la culture turque, il est régulièrement associé cette amulette. Son utilisation permettrait selon des croyances anciennes, de se protéger du mauvais œil. On le trouve le plus souvent au dessus de la porte d’entrée des maisons, en pendentif et tout autre bijou, sous le rétroviseur d’une voiture…

Ce qui est étonnant est qu’au delà de la culture, bon nombres de turcs musulmans associent cette amulette à la religion islamique et pense réellement que ce petit morceau de verre fera office de protection. Ainsi par ce petit bijou porté autour du cou, ou simplement le fait de croire à un pouvoir du Nazar Boncuk, beaucoup de musulmans se mettent dans une situation d’association sans même réellement le savoir.

Les traces d’utilisation de ce genre d’amulette remontent à la période païenne des peuples arabes d’avant la révélation de l’Islam par le biais du prophète (SAW). Il y avait toute sorte d’objets qui étaient utilisés dans ce but comme les fers à cheval, les cranes de chevaux, le plomb coulé (kursun dökme), et notamment les boncuk. Rien d’étonnant quand on sait qu’à La Mecque, on pouvait y trouver plus d’une centaine de divinités diverses. Il existait toute formes de divinités représentées par des statuettes ou des formes de poteries qui avaient chacune, un pouvoir dans un domaine particulier. Une étrange similitude avec les dieux grecs et égyptiens de l’antiquité. C’est d’ailleurs au cours de ces deux civilisations qu’apparaissent les premières utilisations de l’œil.


Ainsi les grecs avaient régulièrement pour habitude d’apposer des yeux à l’avant de leurs bateaux, sur les deux faces. Il n’est pas étonnant de voir aujourd’hui comment les grecs continuent à utiliser le nazar boncuk contre le mauvais œil.

Mais c’est en Egypte Antique qu’on retrouve le plus l’œil et sa symbolique de protection. Voici une explication sur l’œil d’Horus tirée de Wikipedia :
D'après le mythe, Horus, fils d'Isis et d'Osiris, aurait perdu un œil dans le combat mené contre son oncle Seth pour venger l'assassinat de son père. Au cours du combat, Seth lui arracha l'œil gauche, le découpa (en six morceaux, d'après une version de la légende) et jeta les morceaux dans le Nil. À l'aide d'un filet, Thot repêcha tous les morceaux sauf un. Il suppléa miraculeusement le 6e fragment manquant pour permettre à l'œil de fonctionner de nouveau, rendant ainsi à Horus son intégrité physique.

Il est aussi possible de retrouver cet œil en la divinité de Ra, Dieu Soleil. Cette forme d’œil commune à Horus et à Ra est appelée Œil d’Oujdat qui est omniprésent dans la mythologie égyptienne.
L'Œil Oudjat avait une fonction magique liée à la prophylaxie, à la restauration de la complétude et à la vision de « l'invisible ». Il fut représenté sur les sarcophages et sur les pectoraux. Les innombrables amulettes en forme d'Oudjat protégeaient leurs porteurs. Lors de la momification, les embaumeurs le plaçaient sur les incisions qu'ils avaient pratiquées. L'Œil Oudjat était aussi peint sur les proues des bateaux, leur permettant de « voir » et de tenir leur cap.
Le principal aspect troublant dans cet « unique œil » est surtout l’utilisation qu’en ont fait les Illuminati dans leur symbole qu’il est possible de retrouver dans le billet de 1 Dollar américain : une pyramide dont le sommet (l'Elite) est éclairé par l'œil de la conscience et domine une base aveugle, faite de briques identiques (la population). C’est ce même œil intégré dans un triangle illuminé qu’on retrouve dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, tout en haut.


Ce genre d’amulette n’a donc aucune origine islamique et est seulement culturelle de part l’utilisation qui a été faite pendant des millénaires. Si on se penche alors sur le Nazar Boncuk selon le point de vue de la science islamique, le fait de le porter, et de croire en une forme de pouvoir s’y dégageant mène inexorablement à l’association (le shirk). Ainsi selon ce hadith rapporté par Abu Dawud et Ibn Mace :
La sorcellerie, et toutes les formes d’amulettes sont du shirk.
Il ne suffit dont pas à aller jusqu’à s’agenouiller devant une statue d’Atatürk ou dans son Mausolée le Anitkabir pour faire du shirk. Portez un bijou Nazar Boncuk sur vous et vous serez déjà en train de le faire. Ainsi les voies qui mènent à la perte de la foi dans l’Islam sont nombreuses et peuvent souvent se trouver là où on ne se doute pas.

Si malgré toutes ces explications certains doutent encore que c’est de l’association, il y a une façon toute simple de le comprendre. Pour cela il faut prendre en compte la sourate 6 Al Anam (Les bestiaux) au 17ème verset :
Et si Allah fait qu'un malheur te touche, nul autre que Lui ne peut le faire disparaitre. Et s'Il fait qu'un bonheur te touche, nul autre que Lui ne peut l’empêcher. C'est qu'Il est Omnipotent.
Par ce simple verset on comprend donc que pour chaque malheur on doit demander soin et protection à Allah (cc), et pour chaque bienfait, on doit le remercier lui et seulement lui. A partir de là, pourquoi demander protection en un morceau de verre peint qui n’est au final qu’un objet culturel ? La protection ne réside donc pas dans les diverses amulettes et les bijoux avec des écritures du nom d’Allah (cc) par exemple, mais seulement dans la foi et dans les prières sincères qui sont faites avec le cœur. Certains autres diront alors qu’ils n’utilisent pas cet œil pour ses prétendus pouvoirs mais seulement pour sa beauté. Le hic est que sa symbolique millénaire est plus forte que le simple fait de ne pas croire en son prétendu pouvoir. Celui qui utilisera le Nazar Boncuk ne croira pas en son pouvoir, mais un autre voyant son utilisation pensera que le premier y croit. Le mal est donc fait en plus de la perpétuation d’une croyance païenne, on est dans le shirk.

Tout ça, par ce que ce n’est pas une chose à prendre à la légère. Le shirk est le seul péché impardonnable par Allah (cc) s’il n’est suivi d’un repentir sincère pendant la vie sur Terre. Ce hadith rapporté par Bukhari et Muslim est assez explicite à ce sujet :
Le prophète (SAW) : Eloignez-vous de sept choses qui peuvent détruire.
Quelles sont ces sept choses ya Rassoul Allah ?
Le prophète (SAW) : le shirk, la sorcellerie, tuer une vie considérée comme Haram par Allah, profiter de l’usure (crédit), profiter des biens d’un orphelin, fuir la guerre, diffamer sur une femme croyante innocente et vertueuse.
De même, de nombreux versets du Saint Coran relatent « les associateurs » comme des ennemis faisant partis des non-croyants, notamment dans la Sourate Al Baqara. Les preuves que ces amulettes sont des croyances païennes sont nombreuses. Alors pour un musulman pratiquant qui fait par exemple attention à ce qu’il mange, il convient d’apporter une attention encore plus forte sur ces petites choses qui peuvent avoir des conséquences graves.

Partager