lundi 17 février 2014

La vie et le testament du Sultan Osman Gazi I, fondateur de l’Empire Ottoman

Le Sultan Osman est le premier de la dynastie ottomane, et est celui qui a fondé l’Empire Ottoman d’où son surnom « Gazi » qui veut dire « triomphateur, combattant de la foi ». Ce surnom lui est parfaitement indiqué contrairement à Atatürk (appelé Gazi aussi) qui, après avoir acquit les pleins pouvoirs a tout mis en œuvre pour détruire l’Islam de la Turquie.

Il est né à Sögüt en 1258 et est le fils d’Ertugrul, alors chef des turcs Oghouzes. Osman succède à son père en 1281 en se proclamant Sultan et commence à attaquer ses voisins entre 1290 et 1300. A ce moment, il porte le titre de Bey et est un des vassaux de du Sultanat Seldjoukide. De 400 soldats, il obtient rapidement du soutien et ses troupes montent à 4000 hommes. Il mène une guerre sainte, le Jihad, contre l’Empire Byzantin jusqu’à conquérir Bilecik.

Voyant en Osman un leader sans égal, le sultan du Sultanat de Roum (ou Sultanat Seldjoukide d’Anatolie) lui remet alors les rênes de l’Empire qui aura un avenir glorieux pendant près de 600 ans sous le nom d’Empire Ottoman. Ainsi, après avoir hérité de son père des terres de 4800 km2, il aura conquis assez pour l’étendre jusqu’à 16000 km2 et prendre la ville de Brousse aujourd’hui appelée Bursa.

Le Sultan Osman Gazi vivait pauvrement malgré la possibilité qu’il avait d’accumuler de la richesse. Si bien qu’à sa mort, hormis quelques chevaux et cent moutons, son fils Orhan qui lui succéda n’hérita d’aucun autre bien de valeur.

Cependant, il laissa quelque chose de plus précieux et dont chaque dirigeant musulman de ce monde devrait s’inspirer aujourd’hui. Avant sa mort, Osman laissa à son fils un testament lui donnant le programme de l’Etat Ottoman.

Fils! - Prend soin des affaires religieuses avant tout autre devoir. Les préceptes de la religion construisent un état fort. - N'attribue pas les affaires religieuses à un homme négligent, incroyant ou pécheur ou à des personnes inattentives, indifférentes ou inexpérimentées. Et ne laisse pas l'administration à de telles personnes. Celui qui ne craint pas Dieu ne craint pas les créatures. - Celui qui commet un grand péché et continue à le commettre ne peut pas être loyal. - Celui qui veut avoir un serviteur loyal est lui-même fidèle ; il observe les commandements du prophète et ne sort pas de la charia. Évite la cruauté et les superstitions. - Démet les personnes qui encouragent la cruauté et les superstitions dans notre état. - La raison principale est que ces personnes provoqueraient ton déclin. Agrandit toujours l'État par le djihad, car si l'on reste trop longtemps sans partir en campagne, la bravoure des soldats ainsi que le savoir, les renseignements et les dispositions prises par les commandants subissent un affaiblissement et une altération. Des personnes qui connaissent bien la guerre meurent tandis que d'autres sans expérience les remplacent. Il s'ensuit beaucoup d'erreurs qui mettent à mal l'État. - Préserve le Beytul Mal (de l'arabe: bayt al-māl بَيْت المال, maison de la monnaie ; trésor public). Essaie d'augmenter les réserves de l'État. - Contente-toi de ce que tu as et ne gaspille pas, ne détruis pas inutilement sinon par besoin ou nécessité. - Ne soit pas fier de tes soldats et de tes biens, car ils sont le moyen de servir le peuple dans son ensemble et d’étendre la justice et la vertu dans le monde sur le chemin de Dieu. - Protège le serviteur de l'État qui travaille pour la grâce de Dieu. Après sa mort, prend soin de sa famille et subviens à leurs besoins. N'augmente pas tes biens publics par la violence. - Tends une main secourable aux indigents et préserve leurs proches du malheur. - Protège les meilleurs officiers, étudiants, hommes de vertu, artistes, écrivains qui sont la force du pouvoir de l'État. Traite les avec amabilité et honore ces hommes. Si tu as entendu parler d’un homme vertueux, entre en étroite relation avec lui, donne-lui des biens et gratifie-le. Dans ton État, le nombre d'hommes instruits, vertueux et savants augmentera. - Mets de l'ordre dans les affaires religieuses et de l'État. Prends modèle sur moi, j'ai commencé comme un faible commandant et j'ai réussi avec l'aide de Dieu bien que je ne le méritasse pas. Tu suivras mon chemin et protègera la religion de Mohammed et les croyants, tes successeurs feront de même. - Respecte la justice de Dieu et de ses serviteurs. N'hésite pas à conseiller tes successeurs à poursuivre cette route. - Sollicite l'aide de Dieu dans tes estimations de justice et d'équité, pour supprimer la cruauté, essaie tous les moyens. - Protège ton peuple des attaques des ennemis et de la cruauté. - Ne te comporte avec personne d'une manière incorrecte ou inéquitable. - Contente le peuple et protège tout ce qu'il aime.

Les grandes lignes du testament étaient donc fondées sur des bases islamiques de la Sounna contrairement aux propos d’Ataturk qui affirmait que les principes qui constituent le programme du CHP prennent source dans la vie et non dans un livre supposément descendu du ciel. De plus, on note combien le Sultan est resté humble et combien il a demandé à ce que ses successeurs se soucient du bien-être du peuple ainsi que du bon fonctionnement de l’Empire. Il savait dès le départ qu’une société qui n’était pas basée sur les valeurs islamiques serait une société vouée à l’échec. On l’a vu donc, avec la République de Turquie kémaliste qui a, pendant près 80 ans vécu de dettes étrangères avec une économie moribonde et une influence à l’international proche du néant.

Toutefois, tout ceci n’aurait pas été possible sans l’intervention du Qadi et Cheikh Edébali dans la vie d’Osman. Edébali était un grand savant qui fut apprenti et qui avait été présent à des discours de plus grands savants de l’époque tel que Mevlânâ Celaleddin-i Rumi et Hacı Bektaş-ı Veli. Il avait fait construire une zaouïa (zaviye en turc) dans un village où il vivait proche d’Eskisehir, et il y dispensait des enseignements religieux à ses apprentis où à des invités. De même, il avait fait construire un « dergah » à Bilecik où il accueillait régulièrement Osman.

Selon l’histoire, une nuit où Osman se trouvait dans le dergah, il fit un rêve qui impliquait Edébali. Il avait vu un croissant sortir de la poitrine du cheikh pour aller entrer dans le sien. Un énorme arbre jaillissait de là, ses branches couvraient le ciel, ses racines couvraient la Terre. Son ombre s'étalait sur le monde et les humains. Des montagnes poussaient et des fleuves coulaient sous l'ombre de l'arbre. Le matin, Osman s’empressa d’aller raconter son rêve à Edébali qui le décrit de cette façon :

Toi, Osman fils d’Ertugrul Gazi, tu succèderas à ton père. Tu te marieras avec ma fille Malhun Hatun. Ceci est la « lumière divine » (nur en turc) qui sort de moi et qui va en toi. Nombreux seront les sultans qui descendront de ta famille et nombreuses seront les nations qu’ils rassembleront sous un même toit. Allah permettra à ta famille d’être la cause de nombreuses personnes qui rejoindront l’Islam.

Ainsi sera l’interprétation du rêve par le cheikh Edébali, qui annoncera à Osman ce qui, réellement se passera dans le futur pendant près de 6 siècles. Il fut de cette manière le « maître à penser » d’Osman sur lequel le Sultan se basa pour construire les bases de son Empire.


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